On annonce un changement de temps – épisode n° 3

Du côté du quartier Louis XIII (1)

Le quartier de la Baffrie (2) est actuellement en pleine transformation. On y a détruit l’ancien Lidl, transféré, depuis plusieurs années, sur les boulevards extérieurs.

Ce supermarché de centre-ville avait précédemment porté l’enseigne Ifaprix, implantée à Challans par l’épicier Florent Jolly.

Le quartier de nos jours, de nouveau en pleine mutation

C’est en septembre 1971 que cette opération urbanistique, autorisée par la commune, scellera la disparition de la rue Louis XIII, de la quincaillerie Salmon et de la propriété de l’abbé Charles Grelier.

C’était donc, au début des années 70, une transformation aussi radicale que celle que nous connaissons aujourd’hui, car les bâtiments détruits alors, dataient au moins du XIXe siècle.

La surface la plus importante était composée de la maison Grelier, au numéro 30, et de son grand jardin qui se prolongeait jusqu’à la rue du Four Banal. La rue Louis XIII, qui porta le nom de rue Traversière, n’était qu’une ruelle courbe qui joignait la rue Carnot à la rue de Lorraine, constituant un îlot au milieu duquel se trouvait la quincaillerie Salmon, maison très ancienne, dont la façade s’ouvrait sur la rue principale, et les réserves, sur la rue Louis XIII.

En la démolissant, le futur supermarché gagnait une vitrine sur la rue principale. En démolissant la maison Grelier et son jardin, un parking avec une traversée entre deux rues, Carnot et Four Banal, s’ouvraient. En supprimant la ruelle, la continuité du bâtiment principal était assurée. Une autre construction, un ancien séchoir à tabac, fut également démoli permettant d’aligner l’ensemble.

La maison de l’abbé Charles Grelier un peu avant sa démolition

L’abbé Grelier n’avait pas imaginé ce scénario lorsque, le 29 juin 1959, il fit don de son bien au notaire Lebas, le représentant d’Asunor, une association d’action sociale des officiers de réserve, fondée le 24 novembre 1955.

L’abbé, qui n’avait jamais refusé l’hospitalité à quiconque, avait cédé aux arguments de ce notaire entreprenant qui promettait de faire de sa maison et de son grand jardin, situés en centre-ville, une «maison de repos pour les officiers de réserve ».

Voici en effet une reconversion qui pouvait satisfaire notre historien, soucieux de préserver son musée lapidaire et la sérénité des lieux, les officiers de réserve offrant de plus une caution morale au vieil homme, à qui il restait une dizaine d’années à vivre.

L’abbé décède en effet en août 1968, âgé de 89 ans et Asunor devient le nouveau propriétaire. Trois années plus tard, le 11 septembre 1971, l’association, jugeant les travaux de restauration et d’aménagement trop importants, vend le bien à Florent Jolly.

Le 22 juin suivant, donc en 1972, les fonds de la vente sont employés à l’achat d’un appartement sur la côte d’Azur, destiné à la location.

Le 9 mars 1973, les mêmes fonds servent à l’acquisition d’un appartement de 2 pièces, boulevard Clemenceau à Nice et le 15 mai 1975, c’est un nouvel appartement qui est acheté rue Bottero, toujours à Nice, avec les fonds challandais.

La «maison de repos pour les officiers de réserve » promise, s’était transformée en investissement sur la côte d’Azur.

La maison Hyacinthe Salmon elle, était la plus ancienne quincaillerie implantée sur Challans, encore en exercice mais, en 1971, face à ses concurrents, Bailly, Roux et Tesson, la vente de ses vieux murs était probablement une bonne opération.

Quant à la petite rue Louis XIII, comme l’impasse de la Noue, comme la petite rue de Bel Air, elle rappelait cette époque où l’on bâtissait sans se soucier de laisser un espace pour les automobiles… qui n’existaient pas.

© Cadastre rénové Archives de la Vendée – dl Shenov

(1) Pour ceux qui ont manqué les deux premiers épisodes, voir : Du côté de la gare de Challans 8/08/2022, et Du côté de la rue de Villeneuve 13/01/2023.
(2) On donne l’appellation de Baffrie à un quartier proche d’une église et bien pourvu en auberges.


© Erick Croizé – Shenov – 29/04/2024