On annonce un changement de temps ! (deuxième partie)

Du côté de la rue de Villeneuve

Rue de Villeneuve janvier 2023 : l’usine d’aliments du bétail en cours de déconstruction

Villeneuve. C’est le nom d’une rue, ce fut le nom d’un quartier, d’un lieu-dit et même d’un moulin à vent, niché entre l’actuelle rue de la Roche-sur-Yon et la rue de la Cornerie.

Villeneuve fut, grâce à l’arrivée du chemin de fer, la première zone industrieuse de Challans. Entre la rue de la Poctière au nord et celle de la Roche-sur-Yon au sud, encadrée par deux rues parallèles, celle de Villeneuve et celle, plus courte, de L’Abondance, s’installèrent des entrepôts dont le plus important fut celui de la Coopérative des Blés et Céréales de la Vendée.
Le siège de cette entreprise était à La Roche-Sur-Yon. Elle était dirigée, en 1945, par le maire de Saint-Aubin-La- Plaine, Pierre David. La coopérative deviendra la CAVAC.

A la fin de la seconde Guerre Mondiale, la rue de Villeneuve fut élargie et prolongée jusqu’à la rue de la Poctière. la rue de l’Abondance, qui longeait les jardins potagers et fruitiers du chef de gare, porte désormais le nom de François Rabelais, ce qui marque une belle continuité littéraire. En 1946, un projet municipal va conforter la vocation industrieuse de ce quartier.
Ce projet portait sur la construction d’un abattoir. Détail qui a son importance, l’enquête publique menée auprès des riverains pour l’installation d’un tel équipement fut favorable. Belle époque !

Pour la seconde fois, afin de faire disparaître les tueries individuelles qui multipliaient les risques de pollution des sols, la commune envisageait un tel équipement. Le premier abattoir devait se construire sur le Chemin de Grande Communication menant aux Sables d’Olonne, loin des habitations, proche de la source du Préneau qui devait fournir les importantes quantités d’eau nécessaires.
Il fit l’objet d’une étude sérieuse, de plans dressés par Abel Filluzeau, approuvés par le conseil municipal en 1926. Les terrains nécessaires avaient été achetés mais l’affaire en resta là.

Pour l’abattoir de Villeneuve, pouvant bénéficier du même quai de chargement que la coopérative, car donnant sur les voies du chemin de fer, on prévoyait pour l’abattage de 1200 tonnes par an, de construire un bâtiment de 4000 m² sur un terrain de 6000 m². Mais il fallait acheter une partie des terrains qui appartenaient à la coopérative.
Or celle-ci avait le projet d’étendre ses constructions par des magasins et n’était pas prête à céder la surface souhaitée par la ville. Les premiers prix des cessions éventuellement accordées seront d’ailleurs considérés trop élevés.

Projet initié lors du conseil municipal du 28 avril 1946, l’achat des terrains indispensables, après de nombreuses tractations n’est réalisé qu’en 1948, mais ce n’est pas l’abattoir qui finalement s’y installera.
Ce sera la scierie Chevrier qui construira un pont roulant lui permettant de charger et décharger les grumes arrivées par la gare et une usine pour l’aliment du bétail, construite par la famille Legeard, commerçant en grains. En 1959, on fit de la Poctière, la première zone industrielle de Challans.
Quartier Villeneuve, la scierie est partie depuis longtemps, la CAVAC a laissé la place aux ateliers du C.A.T. et c’est le dernier maillon industriel qu’on est en train de déconstruire. Sa grande silhouette bleue et sa cheminée vont définitivement disparaître et les habitants de Villeneuve vont retrouver, après plus d’un demi-siècle, les charmes d’un quartier résidentiel.

© Erick Croizé, 13/01/2023